Au cours d'un allaitement peuvent survenir des petites difficultés passagères qui, si elles ne sont pas prises à temps ou méconnues, peuvent avoir des conséquences pénibles, douloureuses voire entraîner à terme l'arrêt brutal et non voulu de l'allaitement.

Nous passons en revue ici les 4 cas les plus courants rencontrés par les mamans, et nous essayons de vous donner des pistes de solution.

Dans le cas où les conseils glanés ici ou là ne suffisent pas à régler votre souci, n'attendez pas qu'il empire et prenez contact avec des gens compétents, comme une conseillère en lactation qui saura rapidement vous aider à solutionner votre désagrément.

 

Le Reflexe d'Éjection Fort
(REF)

Dans la majorité des cas, chaque maman fournit la quantité de lait qui est nécessaire à son bébé mais il arrive que, sans vraiment savoir pourquoi, et pas toujours à chaque enfant, certaines mamans produisent trop de lait, en trop grande quantité. Un lait qui gicle trop fort, qui empêche le bébé de savourer sa tétée, l'oblige à gérer un flux trop important pour lui, et qui la plupart du temps le fait avaler de travers et parfois s'étrangler.
C'est ce qu'on appelle un Réflexe d'Ejection Fort : le lait sort en jets puissants. La maman peut avoir des jets de lait jusqu'à 2 m, et plusieurs par sein en même temps.

On reconnaît un réflexe d'éjection fort car le bébé tête avec difficulté, il s'étrangle, a les yeux embués de larmes, il est tendu, les poings serrés souvent en appui sur le buste de la maman, comme s'il cherchait à se reculer tout en mangeant. Les tétées sont très rapides, on entend le bébé avaler très goulûment le lait ; l'enfant ne peut pas s'endormir au sein, du lait arrive toujours à chaque succion avec beaucoup de force. Le bébé est très vite rassasié, sa prise de poids est très souvent fulgurante, et il peut souffrir de coliques atroces, dues à la trop grande quantité d'air avalée à chaque tétée. Ses rots sont impressionnants, nombreux, et il régurgite parfois avec force.
Cette particularité peut entraîner un sevrage précoce et non désiré, car les tétées sont difficiles, le bébé peu satisfait et la maman vite débordée : ce souci est assez peu connu des professionnels de santé, ce qui ne permet pas de trouver une solution de soulagement adaptée en cas de coliques par exemple.

Alors pour y remédier, quelques petits trucs, très simples, qui changent radicalement la vie !

 

La position :

Allaiter allongée ou penchée en arrière sur le canapé par exemple, les fesses au bord du fauteuil, permet de jouer avec la pesanteur pour rendre le jet moins violent : ainsi allongée, la maman permet au lait de jaillir avec moins de force dans la gorge du bébé.
Vérifier bien que, pour contrer la force du jet, le bébé ne serre pas le mamelon entre ses mâchoires, ce qui provoque immanquablement des crevasses, même si la position est parfaite. Dans ce cas là, vous appuierez sur l'os du menton de votre bébé, avant de le mettre au sein et une fois qu'il y est, afin qu'il ouvre la bouche bien en grand.

 

Tarir un peu la force du jet :

Soit en tirant un petit peu de lait avant la tétée, mais c'est difficile de savoir quand un nourrisson aura faim, vu que c'est rarement à heure fixe, ou encore mettre son sein dans un verre d'eau très chaude pour favoriser l'écoulement du lait.
Soit en retirant son enfant du sein dès qu'on sent, parfois avec des picotements très brûlants, la montée de lait : on éponge le lait qui sort ( prévoyez les serviettes !) et une fois le jet un peu tari, on remet l'enfant au sein. Il est bon de toujours expliquer à l'enfant ce que vous faites, et pourquoi, le temps que le bébé, plus grand, vers 2 mois en général, puisse de lui même gérer ce flux trop important.
Soit en faisant téter le même sein plusieurs fois de suite, mais attention : le REF ne s'accompagne pas toujours d'un surplus de lait, il faut donc être certain de ce phénomène avant d'appliquer cette solution, au risque de déséquilibrer la lactation. Mais vous pouvez faire des essais : sur une tétée, cela ne risque rien !

 

Ne surtout pas favoriser la force de succion du bébé :

Plus un nourrisson a faim, plus il tête avec énergie. Dans le cas d'un REF, espacer les tétées pour éviter les coliques par exemple, conseil entendu très souvent, et valable surtout avec le lait de vache, ne fait qu'empirer le problème ! Le bébé affamé va intensifier sa succion, et donc favoriser contre son gré, un réflexe d'éjection très puissant. Mieux vaut donc faire téter votre bébé dès son réveil, voire dès les premiers signes de succion, plutôt que de le faire attendre : il a bien le temps d'apprendre la frustration !

 

Fragmenter les tétées :

Le REF étant puissant, l'impression de rassasiement du bébé est très rapide. On peut donc sans problème proposer la tétée en deux fois au nourrisson: au réveil par exemple et puis avant de le recoucher, lui reproposer le même sein tété qu'auparavant : cela permet des tétées souvent plus calmes, plus rassasiantes de câlins et de douceur pour la maman et le bébé qui ne rechigne pas en général !
Votre enfant ne pourra jamais être gavé au sein, et vous ne pourrez jamais le forcer à manger : il doit tellement faire preuve de volonté de succion que s'il n'a pas faim, il "tétouillera" avec bonheur mais ne s'alimentera pas.

 

Faire faire le rot :

Ou, et vous le constaterez vite, les rots ! Car un REF entraîne une grande quantité d'air dans l'estomac, donc des rots et des gaz importants, d'où les coliques très violentes si le REF n'est pas maîtrisé par la maman. Systématiquement donc, proposez à votre bébé de faire des rots, en cours de tétée avant de changer de sein par exemple, cela permet une digestion plus facile.

 

 

L'engorgement peut survenir à n'importe quel moment de l'allaitement, mais il est plus courant au début de l'allaitement ou dans un moment de forte fatigue, ou suite à un coup sur le sein. C'est une douleur dans une partie du sein entraînée par la congestion des vaisseaux mammaires. Non pris en compte, l'engorgement peut se compliquer et entraîner une lymphangite avec fièvre, qui nécessite parfois un traitement antibiotique. L'engorgement lui-même peut-être évité, ou tout du moins, traité simplement sans en arriver aux antibiotiques.

 

Pour éviter l'engorgement :

Evidemment, faire téter bébé à la demande, ne pas " sauter " de tétée.
Il est déconseillé d'utiliser des soutiens gorges à armatures (notamment les premiers temps) qui peuvent bloquer les canaux lactifères.
Bien se reposer.

 

Pour soigner un engorgement :

Il faut donc vider le sein engorgé sans pour autant le sur-stimuler, ce qui pourrait entraîner des engorgement à répétition si ce sein s'"habitue" à trop produire. C'est pour cette raison qu'on déconseille l'usage du tire-lait dans ce cas là. Il vaut mieux vider le sein grâce à la technique du verre d'eau chaude : on remplit un verre d'eau avec l'eau la plus chaude que l'on puisse supporter et on trempe le sein dedans. Ça doit faire ventouse et du lait sort en filet. Ça permet de faire sortir le trop plein de lait. De la même manière on peut masser ses seins sous la douche.
Mais Le meilleur moyen de soigner l'engorgement est de faire téter bébé, encore et encore. Bien entendu, il faut privilégier le sein engorgé, mais ne pas pour autant oublier l'autre sein qui risquerait de s'engorger à son tour.

Pour que la tétée soit efficace, il faut orienter le menton de bébé sur la partie douloureuse. Ça peut donner des positions très esthétiques si la partie douloureuse se trouve sur le haut du sein (dans ce cas là, on se met à 4 pattes au dessus de bébé !!).

Pour la douleur, on peut faire des cataplasmes d'argile ou de choux : à étaler sur un cm sur la partie douloureuse pendant une à deux heures, puis rincer à l'eau chaude. (on peut le faire plusieurs fois par jour).

Enfin, le paracétamol est tout à fait compatible avec l'allaitement. L'aspirine en prise ponctuelle aide aussi au drainage des canaux (2 prises sur une journée suffisent largement).

L'engorgement se résout généralement en 48 heures. Si la fièvre survient, il est possible qu'il ait "dégénéré" en lymphangite, auquel cas, il n'est pas du tout conseillé d'arrêter l'allaitement!!! Il existe des antibiotiques compatibles avec l'allaitement, et le meilleur moyen de soigner correctement la lymphangite, c'est de FAIRE TÉTER LE BÉBÉ !

 

 

Les crevasses sont assez courantes en début d’allaitement. Elles peuvent être dues à une peau fragile, mais très souvent, c’est surtout la conséquence d’une mauvaise position de bébé au sein.

 

Pour éviter les crevasses :

  • des crèmes préventives existent (type castor équi), on se tartine les nénés avec, on se rince (ou pas suivant la crème utilisée) avant téter et on fait téter bébé. Cela permet d’assouplir le mamelon et d’éviter les crevasses.
  • Il faut se faire aider à la maternité pour trouver la bonne position de bébé au sein.
  • Eviter de donner des biberons : lorsque cela n’engendre pas une confusion sein/tétine, ça peut être responsable d’une mauvaise succion de bébé qui peut entraîner des crevasses.

Pour soigner les crevasses :

  • Plusieurs crèmes existent, les plus réputées sont : lansinoh, la gelée royale, le lait maternel (étalé sur une compresse sur les seins pour faire cicatriser).
  • Se promener les seins à l’air (en restant chez soi, c’est mieux !), ça permet une meilleure cicatrisation.
  • Les bouts de seins en silicone : quand c’est trop douloureux, les bouts de seins peuvent permettre la poursuite de l’allaitement sans que la maman ne souffre trop. Il faut éviter de les garder trop car la stimulation du sein est souvent moins bonne avec les bouts de sein.
  • Contacter une sage femme ou une consultante en lactation pour vérifier la position de bébé au sein et la rectifier si nécessaire.

Les crevasses n’impliquent à aucun moment l’arrêt de l’allaitement ! on soigne, et ça repart.

 

 

Première chose à savoir sur cette infection : elle est très contagieuse !

Résultat, bébé en a dans la bouche (petits points blancs sur la langue, et/ou l’intérieur des joues et des lèvres : attention toutefois à ne pas confondre avec des résidus de nourriture). Cela peut faire mal à bébé au bout d’un moment : il peut rechigner à prendre le sein, pleurnicher en déglutissant, etc.

Puis autour sur les fesses (petites traînes sanguinolentes près de l’anus et plaques rouges avec de petits boutons qui blanchissent plus loin), ce qui indique que la candidose s’est répandue à travers tout le système digestif de bébé.

Et si l’infection n’est pas traitée assez vite, Maman va voir ses aréoles se décolorer, ses tétons devenir rose vif et… ressentir une douleur de plus en plus forte à l’intérieur des seins (style fer à repasser… aïe aïe aïe, surtout pour les tétées de la nuit !!), ce qui montre que la candidose s’est répandue à l’intérieur des canaux lactifères.

Deuxième chose : la candidose et le muguet, c’est la même chose, c'est-à-dire un champignon que nous possédons tous dans notre corps et qui ne devient embêtant que si sa concentration augmente trop. C’est le même champignon que dans le cas de mycoses (vaginales ou autres) !

Conséquence : le traitement est long, et ne doit surtout pas être interrompu avant disparition totale des symptômes, voire 15 jours après, sous peine de « rechute »…

 

Les traitements :

Ceci n’est pas une liste exhaustive, l'idéal est de predre rendez-vous avec un bon médecin (qui vous donnera un traitement compatible avec l'allaitement!)

L’avantage, c’est que comme la bouche, les fesses et les seins de maman doivent être traités, il n’y a pas à se laver les seins avant la tétée !
Attention : traiter une seule zone n’est souvent pas suffisant !!

 

Le Daktarin (gel) : une noisette à appliquer dans la bouche de bébé en frottant bien partout, ainsi que sur les seins de Maman, 4 à 5 fois par jour pendant 3 semaines. Efficacité… bonne si couplée avec autre chose.

Le lait de Pévaril (lait !), ou éconazol (générique, en lait ou gel) : traitement efficace en deux-trois jours sur le siège de bébé : appliquer sur les plaques de boutons au moment du change.

Mycostatine / Nystatine : franchement… pas très efficace ;-)

Le violet de gentiane : préparation qu’on peut avoir sans ordonnance chez le pharmacien. Violet foncé, comme son nom l’indique, et tachant !! (J’ai toutefois réussi à récupérer la plupart des bavoirs après cinq ou six lavages).
Le soir, avant la dernière tétée, avec un coton tige, appliquer généreusement dans toute la bouche de bébé (il faut qu’une partie soit avalée pour traiter le tube digestif), puis le mettre au sein. Logiquement, le téton et l’aréole « ressortent » de la tétée traités, si vous constatez que toute la zone n’est pas d’un beau violet, reprenez votre coton tige et complétez. Laissez sécher avant de ré-agrafer votre soutien-gorge (pensez aux coussinets !).
Et ce, trois ou quatre soirs de suite. Si l’infection était avancée (brûlure des seins, candidose près de l’anus de bébé, gène de bébé à manger), ré-appliquer le traitement 10 jours plus tard. Normalement, dès le deuxième jour, vous devriez voir une amélioration.

Ce traitement est en général conseillé pour éradiquer vite fait les symptômes les plus gênants, mais en compléments d’un autre traitement (par exemple : daktarin gel dans la bouche de bébé, éconazol en lait sur ses fesses et éconazol gel sur els seins de Maman)

 

 

Une grève de TT, c'est quand un bébé (ou un bambin ;-) ) se met soudainement à refuser le sein. Souvent, on pense que son bébé se sèvre de lui-même alors que le sevrage naturel n'intervient généralement qu'après 2 ans.

Les grèves de TT peuvent avoir de multiples causes qu'il n'est pas toujours facile de trouver ...
- une maladie (un rhume, une otite, une poussée dentaire, etc) qui gêne le bébé pour téter à tel point qu'il préfère refuser le sein
- un événement qui vient le perturber, un rythme différent suite à des vacances ou à un déménagement, une remarque : "oh, mais les bébés de cet âge ne tètent plus, normalement !!" ...
- un bébé perturbé par l'introduction de biberons ou d'une tétine, ou qui a trouvé son pouce et ne pense plus à manger
- une réaction trop vive de la maman (par exemple suite à une morsure du sein) qui a effrayé le bébé
- de l'anxiété due à une séparation à venir (reprise du travail ou voyage)
- des TT trop stressantes dans un environnement trop bruyant
- un changement de parfum ou de déo
etc ...

Même si on n'en trouve pas la cause exacte, on peut essayer plusieurs choses pour résoudre le problème : proposer le sein souvent mais sans insister pour ne pas braquer son bébé, au calme, en changeant de lieux et en essayant d'autres positions, en marchant, en chantant, dans le bain ...
Consacrer le plus de temps possible à son bébé, faire du peau à peau, proposer le sein à son bébé à moitié endormi, ...

Une grève des TT peut durer plusieurs jours, alors il ne faut pas hésiter à tirer son lait pour maintenir sa lactation. Ne surtout pas donner de biberons ce qui ne ferait qu'agraver la situation. On peut utiliser d'autres moyens pour essayer d'alimenter son bébé : une seringue (sans aiguille), une soft-cup, une cuillère, un petit verre, une tasse à bec ou des solides s'il est diversifié.

Quoi qu'il en soit, c'est toujours très déstabilisant ... :-( Il ne faut pas hésiter à demander de l'aide et du soutien auprès d'associations de soutien à l'allaitement.

 

Il s'agit d'un spasme des vaisseaux, autrement dit une contraction de ces derniers. Le vasospasme pourrait être rapproché de la maladie de Reynaud.

Les symptômes : une douleur vive pendant la tétée qui dure même après. Le contact des vêtements peut être douloureux. Après la tétée on peut parfois remarquer un changement de couleur du mamelon (blanc puis rouge). La douleur ressentie est aiguë et vive, elle peut faire penser à la candidose. la douleur se rapproche d'une sensation de brûlure au niveau du téton.
En général, le vasospasme se manifeste également lors dun contact avec du froid! Ainsi si la douleur éprouvée est similaire lorsqu'on se trouve au rayon surgelé, ou devant son frigo ouvert, il est bon d'envisager le vasospasme.

Le traitement : il semble que la position du bébé, sa prise du sein puisse être responsable du vasospasme (par exemple : le bébé pince pour gérer un REF), l'aide d'une conseillère IBCLC ou d'une animatrice LLL, peut être judicieuse.
En attendant (et c'est parfois suffisant), il faut allaiter au chaud : bouillotte, tisane chaude, couvertures, gillets rien n'est de trop! En général la douleur cèsse miraculeusement. Après un temps, le vasospasme disparaît et on peut à nouveau allaiter où l'on veut. Les regains de froid (changement de saison par exemple) peuvent relancer le processus, il suffit donc de retourner à ses couvertures le temps que le corps s'habitue.


Certaines mamans ont eu également des améliorations en augmentant leur consommation de magnésium et de poissons gras.

 

 

TEXTE EN COURS DE RÉDACTION