ALLAITER : le B.A BA des premiers temps…

Nous avons rédigé ce petit topo à lire de préférence avant d'avoir accouché, parce que, malheureusement, même si sur le papier l'allaitement est promu en France, dans les faits les conseils reçus même à la maternité, peuvent mener rapidement et involontairement au sevrage. La formation des personnels de santé date, n'est pas remise à jour, et les équipes sont débordées. Il vaut donc mieux, en cas de souci d'allaitement, s'adresser à des personnes compétentes, formées à la question, comme par exemple dans les associations de soutien à l'allaitement maternel (des permanences téléphoniques sont en place pour permettre une aide d'urgence : n'hésitez pas!)
Pour rappel, l'homme est un mammifère. Le mot mammifère signifie "qui porte des mamelles" et vient du latin "mamma" (mamelle). Ethymologiquement parlant, les mammifères correspondent donc aux animaux qui allaitent leur progéniture. Nous sommes conçues pour ça! Tout comme nous portons nos enfants, nos seins sont prévus pour les nourrir
Et depuis la nuit des temps, les femmes allaitent leurs bébés... A l'échelle de l'humanité, l'invention du biberon est récente. Nous avons survécu des millénaires sans!
Or, d'un coup, depuis une cinquantaine d'années, nous ne serions plus capables d'allaiter nos enfants : pas assez de lait, lait pas assez nourrissant, tous les "arguments" sont bons pour arrêter.
  -> Y'aurait-il eu une soudaine mutation chez les femmes qui fasse qu'elles ne soient plus capable de nourrir leur bébé ?
  -> épidémie localisée car dans de nombreux pays le manque de lait ne sévit pas (Norvège par exemple, taux d'allaitement de 98%)

Et bien non!!! Nous sommes toutes capables d'allaiter mais l'art d'allaiter a été oublié, au profit de l'art de biberonner Donner le sein n'est pas similaire à donner le biberon, aussi les pratiques diffèrent sensiblement et il convient de connaître les bons gestes à adopter pour ne pas se tromper le moment venu.

 

L'important est de réussir à résister
aux pressions de son entourage!!

Passons d'abord en revue quelques idées reçues sur l'allaitement… car envisager de partir à l'aventure sans connaître le parcours à l'avance peut s'avérer difficile. Et parce que, pour choisir vraiment, il faut connaître un peu….

 

* Mes seins sont petits, je n'aurai pas assez de lait…

Le volume des seins avant ou pendant la grossesse n'a rien à voir avec la capacité des femmes à produire du lait pour leur enfant. L'image d'Epinal de la nourrice aux seins rebondis et pleins de lait reste une image d'Epinal!
Les seins ne sont pas mous et donc vides ou tendus et donc pleins de lait : ils sont les distributeurs du lait. Quand les seins gonflent, à la montée de lait par exemple, c'est parce que tous les canaux qui vont permettre au lait d'arriver jusqu'à la bouche du bébé sont ouverts, prêts à fonctionner à plein régime! Votre bébé n'a pas encore d'argent de poche pour mettre 2 euros dans le distributeur, mais il a sa bouche pour signifier à votre corps qu'il faut produire tout de suite le lait, ce que votre corps fera immédiatement.
Ainsi de petits seins ou de gros seins, l'essentiel est que nous sommes toutes fabriquées pareil! Nous avons toutes dans nos seins des dizaines de canaux qui vont servir à apporter le lait que notre corps produira sur un plateau : un peu comme si votre bébé buvait un mojito à la paille…

 

* Ma mère n'a pas pu allaiter, elle n'avait pas assez de lait, il n'était pas bon…

Au-delà du fait que votre maman a sans doute voulu allaiter à une période où l'allaitement était grandement dévalorisé et donc perdu d'avance à force de mauvais conseils, la capacité à allaiter est innée à chaque femme et il n'y a aucun risque génétique qu'une lignée de femmes de la même famille ait ou n'ait pas de lait. Toutes les femmes peuvent allaiter sans aucun problème leur enfant (sauf cas rare dont on est prévenu avant la grossesse - Voir notre topo sur le manque de lait).
Le lait maternel de chaque mère s'adapte à chaque bébé en fonction des besoins spécifiques de celui-ci.
La composition du lait évolue au cours d'une même tétée et en fonction de l'âge de l'enfant pour s'adapter parfaitement à ses besoins. Le lait pas bon est une invention, comme le manque de lait qui recouvre la plupart du temps une période appelée " pic de croissance " mal gérée car inconnue des mamans (voir topo plus bas)
Cependant, le manque de lait réel, du à un problème physiologique, existe, et concerne à peine 1% des femmes. Encore faut-il adopter les bons gestes pour ne pas torpiller sa lactation dès le départ.

 

* Et si mon lait n'est pas assez nourrissant, pas assez riche ?

Cet a priori là est le plus ancré dans la société... et le plus difficile à démonter! Qui n'a jamais entendu dire "j'aurais voulu allaiter mais je n'avais pas assez de lait / mon lait c'était de l'eau", "passé X mois/semaines y'a plus assez de lait / il suffit plus", " le soir on n'a plus assez de lait " etc... ?

Un peu d'histoire rapide : l'épidémie de ces "problèmes" de lactation a débuté vers l'après guerre : hasard ou coïncidence, au moment même où Nesmachin, Bléditruc et autres marques de l'industrie agroalimentaire ont mis au point les premiers laits infantiles.
C'est à peu près vers la même période que la grossesse et l'accouchement ont commencé à être de plus en plus médicalisés... ce qui avant était une tradition familiale où tout était transmis oralement entre femmes est devenu un sujet totalement sous contrôle des médecins... lesquels n'y connaissaient pas grand chose à la physiologie de l'allaitement!
De plus dans les cas où on faisait analyser le lait des femmes, on analysait en fait le premier lait tiré, dans les premières minutes et pas du tout l'intégralité d'une tétée. Et on concluait que le lait n'était pas assez nourrissant, pauvre en graisses, et on conseillait l'arrêt de l'allaitement sous prétexte d'un lait pas assez riche…
Or c'était encore ne pas connaître le principe même de l'allaitement : car le lait évolue au cours de la tétée et si le premier lait est effectivement pauvre en graisse, c'est qu'il est très hydratant, il permet au bébé de boire avant de passer au lait riche en graisses, en fin de tétée! Analyser ainsi le lait des femmes en ne prenant que le premier lait, c'est oublier cette réalité de base : votre lait est toujours parfaitement riche en graisses, et il sera précédé d'un lait très hydratant qui sera nécessaire au nourrisson pour s'hydrater parfaitement.

Dans ce contexte, très vite, les laits artificiels sont passés pour être l'idéal en matière d'alimentation infantile. L'allaitement était dénigré au profit des biberons de lait artificiel, grande innovation technologique du moment... Tout était sous contrôle : les quantités que le bébé prenait, la composition, la régularité… Les femmes étaient encouragées à donner le biberon.

Très vite, le biberon et le lait de vache sont devenus le modèle de l'alimentation du nouveau né, alors qu'ils n'en étaient que de pâles copies. Ainsi a-t-on vu apparaître les règles d'or que toute maman en devenir connaît : l'espacement des tétées, la quantité bue, et le nombre des tétées journalières. N'entend on pas sans arrêt les femmes dire " le problème avec l'allaitement, c'est qu'on ne sait pas ce qu'ils prennent " ? Mais, ces obligations ne valent que pour du lait de vache qui n'est pas bien digéré par l'être humain, et particulièrement par le nouveau né! Cela n'a rien à voir avec la constitution du bébé!
On espace les biberons pour que l'estomac ait le temps de digérer quelque chose de difficile à digérer ; on contrôle la quantité bue car l'organisme d'un nouveau né ne peut pas gérer cet aliment s'il est en trop grande quantité d'un coup dans son organisme ; enfin, on contrôle le nombre de biberons par jour, car sinon la digestion journalière serait trop difficile.

Ces problèmes sont uniquement liés au lait de vache : ce n'est pas parce que le nourrisson a un système digestif immature qu'on doit contrôler comment il boit, c'est parce qu'on lui donne du lait inadapté qu'on doit en contrôler l'assimilation!
L'organisme d'un nouveau né est parfaitement mature pour digérer le lait maternel, qui est l'aliment idéalement conçu pour lui. Le lait maternel est digéré en fait par l'organisme du nourrisson en très peu de temps (de 30 min à 1 heure), et laisse très peu de déchets, donc un petit bébé par exemple pourra sans problème téter toutes les heures, sans craindre, au choix : une suralimentation, une distorsion de l'estomac, des problèmes gastriques voire un surpoids - propos qu'on entend bien souvent un peu partout.

 

* Bon, mais ça marche comment alors la lactation ?

C'est finalement assez simple, et c'est avant tout cette simplicité qu'il faut garder en tête : dès le 4ème mois de grossesse, votre corps est déjà prêt pour l'allaitement ; il stocke les graisses qui vont lui permettre de tenir le coup, d'apporter tout ce qu'il faut au nourrisson, et fabrique déjà le colostrum qui sera le premier aliment de luxe de votre bébé. Au moment de la naissance, un pic d'hormones, libérées par l'accouchement, lance alors la machine. Il suffit que le bébé tête pour que le cerveau se mette en marche, car c'est lui qui contrôle toute la production, à la demande du bébé.
Ainsi dès que le bébé tète, le cerveau commande la fabrication du lait, et en quelques secondes, le lait arrive dans les seins, tout frais, à température corporelle, parfaitement adapté au bébé.
Si le bébé tète 10 fois en journée par exemple en début de vie, le cerveau comprend qu'il faut une certaine dose journalière, que ce soit en 10 petites ou en 6 grosses tétées. Quand le bébé a besoin de plus sur une journée, et cela arrive à des moments précis (voir le topo pics de croissance), une fois la ration journalière libérée, le cerveau comprend qu'il faut encore produire plus que d'habitude : ainsi c'est le bébé qui commande la production et le cerveau qui s'adapte à la demande. On comprend donc que le " bon conseil " de donner un biberon de lait en poudre est en fait une méconnaissance flagrante de la physiologie de base de l'allaitement : chaque fois qu'on donne au bébé un biberon de lait extérieur, c'est autant de moins que le cerveau produit, puisqu'on ne lui en n'a pas passé la commande! Donc très rapidement, on arrive à un vrai manque de lait qui n'était pas du tout le souci de départ.

Autre magie de la physiologie féminine : le lait va s'adapter parfaitement en composition au bébé qui vient de naître, il va lui apporter tout ce dont il a besoin au moment où il en a besoin. La qualité du lait évolue en cours de tété : au début très désaltérant, ce qui remplace parfaitement l'eau, inutile pour un bébé allaité, et très réhydratant - plus que les solutés de réhydratation achetés en cas de gastro par exemple! - le lait devient au fur et à mesure de plus en plus riche en graisses. De plus, au fur et à mesure de l'âge du bébé, le lait évolue dans ses proportions en graisses et nutriments pour s'adapter aux besoins de chaque âge.
En gros votre corps est une machine très perfectionnée, parfaitement rodée et tout à fait prête à fonctionner à 100% de ses capacités!

 

* Les bébés allaités ne font pas leurs nuits…

Là encore un chouette mythe qui a la vie dure...
Les apports énergétique du lait artificiel et du lait maternels sont similaires... Le lait maternel est même légèrement plus riche que le lait de vache.
En revanche, quand le lait maternel est très rapidement digéré, le lait artificiel est en comparaison très indigeste et prend au moins 2 à 3h pour être assimilé et le bébé qui a du mal à le digérer paraît donc plus " calé ".

Il faut garder à l'esprit que quoi que vous donniez à votre bébé le soir, passé 4 ou 5h, admettons 6, l'estomac tourne à vide... La fin de nuit se fait donc sur un estomac vide...

Maintenant, il est vrai que les bébés allaités ont tendance à faire leur nuit un peu plus tard que les bébés nourris au biberon, mais c'est sans doute plus à cause du mode de maternage lié à l'allaitement qu'à cause du lait... Au biberon on est obligé de trouver d'autres stratégies d'endormissement du bébé en cas de réveil, alors qu'au sein on a tendance à ne pas chercher plus loin et à donner le sein directement...
Il arrive cependant très fréquemment aussi que les bébés uniquement allaités fassent leurs nuits très tôt : reste plus qu'à croiser les doigts pour que ce soit le vôtre (on gagne 1 fois sur 2!)

 

Lorsque bébé tète,
sa tête cache tout le sein :-)

* Je suis pudique, comment je vais faire ?

Quand on allaite, on ne montre rien de la marchandise. D'abord parce qu'on est caché par le bébé, dont le corps cache notre ventre et dont la tête cache notre sein. En plein été, quand vraiment on est peu vêtue, un petit foulard pour vraiment être plus à l'aise et le tour est joué : on pense à chaque fois que votre bébé dort, fait un câlin, se repose, mais pas du tout qu'il mange.
Les premiers jours à la maternité, quand on est un peu gauche avec ce corps de bébé qu'on ne sait pas toujours comment bien prendre, il est tout à fait possible de confectionner un petit panneau à placer sur la porte quand on allaite pour prévenir les visiteurs d'attendre pour frapper ou de confier cette charge au papa d'emmener toute la smala boire un verre à l'étage du dessous. Tout le monde comprend cela.
Ensuite, une fois l'allaitement lancé, on est tellement à l'aise qu'on n'y pense plus du tout. Et quand bien même, il y a toujours moyen de s'isoler, quel que soit le lieu (magasin, parc ou chez des amis).

 

* Mais, et le papa dans tout ça ?

S'il y a une pièce maîtresse dans la réussite d'un allaitement, c'est le papa. De la même façon qu'il va être sans doute un allié très important dans votre accouchement, même souvent en restant très discret, juste parce que c'est lui, qu'il est là présent avec vous pour l'aventure, il peut en devenir un également dans la découverte de l'allaitement.
Car c'est lui qui peut vous protéger des intrusions à la maternité par exemple, c'est aussi lui qui peut vous aider à placer le bébé parfaitement au sein dans les premiers jours.
Et de retour à la maison, c'est aussi grâce à lui que vous allez continuer de vous alimenter convenablement car il fera les courses et vous préparera les plats que vous aimez, ou donnera le bain au bébé, moment très privilégié pour les papas, ou vous amènera le bébé pour allaiter la nuit, ira le recoucher quand vous serez rendormie une fois la tétée terminée… En bref, il est là, très présent, tout proche, et il assure son rôle de protecteur de la caverne… ce genre de comparaisons, outre le coté flatteur pour un ego de mâle, est assez réel…

 

* Mais, et ma sexualité dans tout ça ?

L'allaitement ne fait pas des femmes des mamans, rien que des mamans. Une fois passés les premiers moments de mise en place, et aussi nos propres freins psychologiques sans doute, une femme, qu'elle allaite ou non, reste une femme! Donc la sexualité reprend à son rythme, l'allaitement n'est pas du tout un frein au plaisir ni au désir. Certaines femmes disent avoir moins d'envie, mais il semble que ce soit surtout le chamboulement que représente l'arrivée d'un enfant dans un couple qui provoque cette impression, passagère. On peut avoir quelques fuites de lait, les tout premiers temps, mais ce ne sera jamais des litres et de toute façon cela restera, là encore, passager!
On entend souvent des femmes ou des hommes dirent que les seins sont d'abord un objet sexuel. Outre le caractère erroné de cette affirmation, et sa restriction aux pays occidentaux, il faut souligner combien une femme peut vivre dans son corps des situations différentes à des moments différents : il ne viendrait à personne l'idée saugrenue de refuser à un enfant un baiser maternel sous prétexte que la bouche est un outil réservée aux rapports amoureux! Et bien là c'est pareil : bien que cela nécessite de réajuster notre perception de l'allaitement à la réalité, les seins peuvent être à part entière les distributeurs du lait de notre enfant, et en un autre moment, des atouts de plaisir dans la relation amoureuse. On a le droit, une fois maman, d'être et maman et amante!

Plusieurs modes de contraception sont possibles avec l'allaitement : le stérilet au cuivre, qu'on peut poser 2 semaines après une voie basse, 6 après une césarienne, et sans attendre le retour de couches évidemment ; des pilules micro dosées (type cerazette ou minidril), des spermicides, des préservatifs… et la liste est longue pour que chacune fasse à son idée!

L'idée que l'allaitement protège d'une nouvelle grossesse est à la fois vrai, et faux!
Dans des conditions bien précises, l'allaitement peut être aussi fiable que la pilule SI :
- il n'y a pas eu encore de retour de couche
- le bébé a moins de 6 mois
- les tétés sont espacées de moins de 4h le jour et moins de 6 heures la nuit.
- L'allaitement est exclusif (c'est à dire sans introduction de lait en poudre)

En gros si le bébé fait sa nuit une fois, une ovulation peut se déclencher et donc une nouvelle grossesse est possible...
Attention à bien vous protéger donc et pour rappel il est possible de tomber enceinte sans avoir eu son retour de couche!!!

Il est assez courant que l'allaitement entraine une sécheresse vaginale importante. Quand en plus, on a eu droit à une belle épisiotomie, le premier rapport peut s'avérer assez traumatisant. Dans ce cas, il est simple de s'équiper d'un tube de lubrifiant et d'en avoir à portée de... main tout le temps de l'allaitement !!

 

* Mais si j'ai mon retour de couches tôt, ça ne vaut pas la peine d'allaiter

Ce mythe a aussi la vie dure! On a encore du lait pendant le moment des règles et le lait est toujours aussi nourrissant pour le bébé, et ne devient pas un poison sous prétexte qu'on est de nouveau féconde.
La seule chose qu'on peut constater, c'est une légère baisse de la lactation quelques jours avant et/ou pendant les règles, mais rien de bien méchant et dans tous les cas rien qui n'induise un sevrage... Au pire le bébé réclame un peu plus!

 

* Dois je préparer mes seins pour allaiter ?

Cela n'est aucunement nécessaire : la majeure partie des mamans qui allaitent n'ont rien fait avant et ça roule tout seul. Certaines sages femmes peuvent conseiller une petite préparation comme : massage des tétons (dans le dernier mois, à cause de possibles contractions) avec une crème, si les tétons sortent peu, les étirer manuellement ou avec l'aide d'une niplette pourquoi pas (pour ce souci qui tracasse beaucoup les mamans, il faut savoir qu'il n'y a rien de mieux qu'un bébé pour faire les bouts de sein! Ca prend quelques jours, mais c'est le plus efficace!)

 

* Il n'est pas possible d'allaiter des jumeaux (ou plus)

Faux!!! La lactation s'adapte à ce qui lui est demandé... Plus les bébés tètent, plus il y a de lait produit...
Ca demande une certaine organisation mais c'est parfaitement possible.
Voir notre topo "allaiter des jumeaux"
Voir le site internet :
www.allaitement-jumeaux.com

 

* L'allaitement fatigue beaucoup les mamans.

Là encore impression fausse et vieux mythe, entendu encore trop souvent un peu partout. Ce n'est pas tant l'allaitement qui fatigue que les nuits hachées, le bébé qui pleure, qu'on ne comprend pas, les chamboulements hormonaux, les changements de vie, le poids des responsabilités… Quand on allaite son enfant, à chaque tété, on ressent une douce impression de relâchement et de sérénité liée à la libération des endorphines pendant la tété, et qui permet de se reposer un peu. Mais une fois la tété passée, on repart comme avant!
Une maman qui a un régime alimentaire équilibré, boit comme il faut et dort un minimum peut parfaitement allaiter longtemps!

 

* Ca ne vaut pas le coup d'allaiter quelques semaines de toute façon…

On entend souvent les gens dire que ça ne vaut pas le coup d'allaiter peu de temps… en fait c'est encore une idée préconçue qui sous entend que l'allaitement devient sympa et intéressant au bout de nombreuses semaines. En fait, il n'en est rien.
Si la mise en route est parfois chaotique, car on ne sait plus comment s'y prendre, si parfois c'est un peu difficile, on peut dire que pour la majorité des femmes, passé les 15 premiers jours, les choses vont beaucoup mieux et que passé le premier mois, tout roule comme si de rien n'était. Il arrive aussi à de nombreuses femmes que tout roule parfaitement dès le départ, et avec une excellente information, c'est très souvent le cas. Il serait donc dommage de se priver d'une telle expérience, d'un tel plaisir et de tels bienfaits.
En effet, l'allaitement maternel est bon, pour la maman et le bébé, quelle qu'en soit sa durée! C'est la bonne nouvelle. Les bénéfices de l'allaitement sont réels dès le départ, grâce au colostrum, et sont dose-dépendants : plus le bébé boit de lait en quantité totale, donc en durée d'allaitement, plus il y a de bénéfices. Dès les premières gouttes de colostrum, condensé d'anticorps maternels et de bonnes graisses, tout ce qui est pris est bon à prendre!
Pour la maman, allaiter aide à remettre en place l'utérus, aide à retrouver la ligne et aide aussi à prendre confiance en son corps et en soi même pour subvenir aux besoins du bébé, et ce n'est pas rien, surtout quand c'est un premier bébé. Beaucoup de mamans disent aussi que l'allaitement leur a permis de mieux digérer un accouchement qui ne s'est pas déroulé comme prévu, ce qui est malheureusement encore trop souvent le cas, et de nouer une relation privilégiée avec leur enfant.

Et souvent, très souvent même, les femmes qui allaitent pour essayer ne le regrettent pas et allaitent avec plaisir et liberté bien plus longtemps qu'elles ne l'avaient pensé au départ. Il faut ajouter un élément capital : si quand on allaite, on peut faire marche arrière et passer au biberon, l'inverse n'est pas vrai! Quand on commence avec le biberon, il est très difficile de revenir en arrière.

 

* Ca fait forcément super mal d'allaiter…

On pense aux histoires de crevasses et d'engorgements entendues ici et là. En fait, dans 95% des cas, les crevasses sont dues à une mauvaise position du bébé au sein (voir notre topo), et les engorgements, à une mauvaise gestion des tétées journalières (voir notre topo), voir notre topo). Et on peut tout à fait allaiter sans jamais passer par ces deux douleurs!
En étant informée, on sait comment installer bébé au sein, et on évite largement les soucis et s'ils pointent leur nez, on peut les stopper très tôt. Pour les engorgements, il suffit de savoir que le meilleur médicament c'est le bébé : si vous laissez votre bébé téter comme il le souhaite, au moment et autant qu'il le souhaite, vous n'aurez pas d'engorgement ; surtout pas de tire lait dans ce cas là : il stimule la production donc commande encore plus de lait en trop, surtout pas de coquilles d'allaitement en permanence, qui provoquent les mêmes effets : le bébé et rien que le bébé.

 

* Passé un certain temps (6 semaines, 3 mois, 6 mois, 1 an…) l'allaitement, ça ne sert plus à rien.

On entend ce genre d'inepties uniquement dans les pays très mal renseignés sur l'allaitement, en France par exemple. Rappelons alors la réalité : l'OMS recommande fortement un allaitement maternel jusqu'aux 2 ans de l'enfant, car c'est l'idéal pour la croissance. Et ne pensez pas que cela n'est bon que pour les pays en voie de développement! Le lait maternel est et reste ce qu'il y a de mieux pour l'humain, quel que soit l'endroit de la planète!

 

* A la reprise du boulot, il faut sevrer.

Bien sur que non. La loi autorise les femmes a tirer leur lait sur leur lieu de travail, 2 fois 30 minutes par jour et impose à toute entreprise d'aménager pour ce faire un lieu agréable. Dans la réalité, les femmes font souvent avec les moyens du bord, mais ça marche très bien à condition de louer un bon tire lait, dont la location est remboursée par la sécurité sociale et certaines mutuelles, et de s'entourer des conseils avisés des mamans qui le font avec succès. C'est possible quand on en a envie.

 

* L'allaitement, ça abîme les seins.

Demandez autour de vous aux mamans qui ont accouché lesquelles sont un peu déçues de la tenue de leurs seins après leur grossesse. Et faites le tour des mamans ayant allaité… Cela n'a rien à voir! C'est la grossesse qui abîme la poitrine, car on prend très vite et que l'élasticité de la peau en prend un coup. Là encore, toutes les femmes ne sont pas égales! Avec un bon soutien gorge, vous protégerez vos seins pendant la grossesse, ce sera pareil pendant l'allaitement! Et les images des pays pauvres et des femmes aux seins pendants n'ont rien à voir avec l'allaitement mais avec la malnutrition!

 

Parce que notre entrée dans le monde de la grossesse se fait entourée du milieu médical et plus du tout de nos aînées, parce que la transmission des savoirs, dont l'art d'allaiter, est en panne, parce que les personnels soignants ont reçu et continuent de recevoir une information erronée et caduque sur l'allaitement, une maman avertie en vaut au moins deux!

 

* Ca passe ou ça casse l'allaitement, non ?

On a trop souvent l'impression en écoutant les mamans qui attendent un enfant que l'allaitement est une affaire de chance. En un mot, soit vous êtes chanceuse, et votre nom sort du chapeau : BINGO vous réussirez l'allaitement, soit ce n'était pas votre tour, et votre allaitement foire lamentablement…
En fait, l'allaitement est à la fois très simple et devenu très compliqué. Simple, car il n'y a pas de diplôme à passer pour allaiter son enfant, le bébé sait exactement ce qu'il a à faire, et même s'il faut parfois l'aider un peu, il se débrouille parfaitement bien pour sa survie. Mais l'allaitement est aujourd'hui une affaire devenue compliquée car on n'en transmet plus le principe. Mais rassurez vous, c'est le lot de la majorité des mamans aujourd'hui, y compris celles qui, entourées de mamans ayant allaité, entendent pourtant en refrain les sempiternels " je n'avais plus de lait ", " mon lait était insuffisant selon le pédiatre ", " la maternité m'a conseillé de compléter au biberon, mon bébé pleurait trop " ou encore " j'ai commencé en mixte car le soir je n'avais plus de lait dès les 6 semaines de mon bébé ".

 

* Il faut bien s'informer ?

Oui c'est une des clés de la réussite. Plusieurs sources : ce petit topo est un point de départ, une sorte de booster pour vous inciter à aller à la rencontre de la réalité de l'allaitement avec des informations glanées sur internet sur les sites référents comme la Leche League, Solidarilait ou le réseau MDAM, des livres comme celui de Marie Thirion, De l'allaitement au sevrage, les réunions d'informations sur l'allaitement à la Leche League ou Solidarilait, dans toute la France où vous pourrez avant d'accoucher voir des mamans allaiter, entendre leurs expériences et prendre surtout confiance en vos capacités futures.

 

* Que dois je prévoir comme matériel à emmener à la maternité pour allaiter ?

La réponse est simple : rien! En fait, le matériel que vous amènerez à la maternité est plus du domaine du confort.

" Un soutien gorge d'allaitement, très pratique les premiers temps, une taille au dessus de votre taille en fin de grossesse. Ne dépensez pas trop, car passée la montée de lait impressionnante parfois, les seins redégonflent un peu et on change encore de taille (dans le mois qui suit l'accouchement).
" Un coussin d'allaitement très pratique pour amener le bébé à votre hauteur et non vous contorsionner dans tous les sens pour allaiter. Deux oreillers font aussi l'affaire : les maternités en sont pauvres, donc prévoyez les dans votre valise.
" Des coussinets d'allaitement, car on a souvent des fuites au départ, jetables pour les débuts puis lavables par exemple.
" Une petite lampe de chevet ou de poche pour allaiter de nuit à la mater, car les néons, beurk pour l'intimité!
" Une crème pour soulager quand ça chauffe au début (Castor Equi, Lansinoh ou Calendula LHF à ne pas rincer avant la tétée ça ne craint rien pour bébé) ou en cas de crevasses débutantes (dans ce cas, c'est surtout la mise au sein qu'il faut revérifier).
" Le numéro de téléphone d'une association de soutien à l'allaitement, au cas où…

Et ce qu'il faut oublier d'emporter ou de regarder :
* PAS de réveil matin pour mesurer la durée des tétés ou les espacer!!!
* PAS de tire lait, car le bébé stimule 10 fois mieux qu'un tire lait et que c'est au bébé qu'il faut s'adresser en premier en cas de petit souci supposé de production
* PAS de bib " au cas où " car la tentation est forte de la part d'une maman fatiguée et émotionnellement submergée comme de la part d'un personnel médical pas à la page et débordé.
* PAS de coquilles d'allaitement : mauvaise idée! Elles stimulent la lactation donc votre cerveau va produire du lait en permanence alors que le bébé ne tète pas. Intéressantes en cas de baisse de production due à un souci médical, elles sont largement moins intéressantes quand il s'agit de recueillir le lait qui coule de l'autre sein quand bébé tète : un coussinet est plus agréable et parfait pour ça!

Si vous pensez qu'il faudra donner des compléments de lait à votre bébé (prématurité, bébé faible et de petit poids, peur irraisonnée de la maternité par exemple) emportez plutôt une seringue, sans l'aiguille, qui vous servira à donner un complément au bébé, en lui faisant téter votre petit doigt, ongle vers le bas. Ainsi il exercera sa succion, comme au sein et ne prendra aucun risque de confondre les deux modes de succion très différents que sont le sein et le biberon.
Petit rappel nécessaire cependant : un bébé né à terme, avec un bon score d'APGAR, n'a pas besoin d'être complété. La perte de poids est normale, elle peut durer le temps de la montée de lait, la plupart du temps elle se stabilise. Les vraies raisons de donner un complément de lait sont rares et très bien connues : prématurité, bébé en souffrance ou malade, problème constitutionnel de succion, opération de la maman incompatible avec l'allaitement… bref des cas rares.

 

* Essayer de vous couper des faux bons conseils ou des mauvaises expériences sur l'allaitement

Vous le verrez, l'entourage est une partie prépondérante dans la réussite d'un allaitement : le papa en est une pièce maîtresse, il est important qu'il puisse exprimer avant, lui aussi, tous les a priori qu'il a sur le fait que vous nourrissiez votre bébé avec votre corps, afin qu'il ne reste pas, lui non plus, sur des idées fausses. C'est très souvent d'ailleurs, dans les pays mal informés, les pères qui poussent au sevrage.

Cependant, l'entourage plus large, et en particulier, les autres femmes, ont aussi un rôle à jouer. Une tante, une cousine, une sœur qui a allaité avec bonheur est toujours un formidable soutien, car elle comprend et elle est sans aucun doute passée par les mêmes étapes que celles que vous allez rencontrer. Mais il y a aussi sa propre mère, sa belle mère, sa voisine, qui elles, ont raté leur allaitement, qui ne cessent de dire qu'elles n'avaient pas assez de lait, qu'il n'était plus bon … qui colportent en fait toutes les idées reçues que nous avons passées en revue.

Sachez alors écouter les personnes qui s'y connaissent en allaitement, qui y sont favorables, et fermer vos oreilles aux autres! Nos mamans sont souvent de bon conseil pour beaucoup de choses, mais en matière d'allaitement, une femme qui a raté son allaitement ne pourra être que de mauvais conseil vis à vis d'une jeune maman. On est fragile après l'accouchement : sachons nous préserver un peu pour réussir cette expérience si elle nous tient à cœur et concentrons nous sur notre couple et notre bébé.

 

 

* Mise au sein précoce

Dès la naissance, le nouveau-né a le réflexe de chercher le sein de sa mère pour téter. Certaines pourront remarquer leur bébé tout juste posé sur leur ventre essayer de ramper vers le sein maternel...
Si la situation le permet, proposez le sein à votre bébé dès la naissance, dans la salle de travail Plus la première mise au sein est précoce (dans l'idéal dans les 2h qui suivent l'accouchement), plus la lactation se met ensuite facilement en place.
Ceci vaut également en cas de césarienne! Il faut insister pour que cela soit fait en salle de réveil et non au retour dans la chambre. Brieffez le papa pour qu'il insiste et si besoin, demandez lui de vous déposer votre bébé, comme une crêpe, près du sein : votre bébé se chargera du reste avec un petit peu d'aide!

Inutile cependant de forcer votre bébé à téter s'il n'en a pas envie Vous lui reproposerez plus tard. Inutile aussi de stresser comme une folle si la première mise au sein ne s'effectue pas dans les 2h, il faut juste essayer de pas trop dépasser 6 ou 7h...
Et dans tous les cas, surtout pas comme cela se faisait avant (et je crois que parfois ça se fait encore) : pas de biberon d'eau sucrée en guise de première tétée!!!
Il est normal les premiers jours que le bébé lèche le sein, le prenne, le relâche, s'énerve un peu dessus, le reprenne : il a besoin d'exercer sa succion, ne lui plaquez pas la tête et ne laissez personne le forcer de la sorte pour qu'il attrape le sein : suivez le, lui, et facilitez lui la prise du sein, mais sans jamais y aller au forcing.

Le temps du séjour à la maternité, privilégiez le contact avec votre nouveau né, peau à peau, et gardez le avec vous la nuit! D'une part ça favorise la lactation et d'autre part ça évite qu'on lui refourgue des biberons de complément dans votre dos (malheureusement ça arrive encore...). De plus, les premières heures ou jours, on est tellement fières d'avoir mis au monde une merveille que ne plus le sentir tout proche nous met en alerte : vous ne dormirez donc pas mieux sans lui la plupart du temps!

 

* Allaitement à la demande

Première règle d'or pour un allaitement qui fonctionne : l'allaitement à la demande et quand on dit à la demande, c'est pour de bon! Pas d'intervalles à respecter entre les tétées Pas de durée limitée au sein : ceci vaut pour le biberon et le lait de vache, qui n'est pas digéré correctement par l'être humain, encore moins par le nouveau né. Donc si on vous dit : tétée toutes les 3 h, dites " oui oui " d'un air niais, mais suivez votre bébé!
Il chouine ? Au sein! S'il a faim, il mangera, sinon… il continuera de chouiner et il faudra chercher la cause ailleurs!
Avant la montée de lait, le bébé va téter très fréquemment. C'est un temps parfois un peu délicat, on a l'impression de ne faire que ça non stop, on est stressée qu'il n'ait pas assez, avec la pression du corps médical pour qu'il reprenne vite son poids de naissance et les incitations à compléter en attendant : mais gardez en tête qu'avant la montée de lait, le bébé prend tout le colostrum dont il a besoin, et aucun enfant n'est en manque tant qu'on le laisse téter à volonté … les compléments ne sont absolument pas indiqués!
Ayez confiance! La nature est bien faite Le colostrum que vous produisez est un véritable concentré énergétique, quelques millilitres suffisent à votre nouveau-né pour être rassasié. Il n'a pas besoin d'autre chose... Et c'est la fréquence des tétées qui va induire la montée de lait Plus votre bébé tètera souvent, plus elle se fera vite et meilleure elle sera...

A noter que la montée de lait se fait généralement autour de 2 à 3 jours après l'accouchement... mais c'est une MOYENNE!!! Chez certaines ça peut mettre plus longtemps, notamment en cas de césarienne.
A noter également que ce n'est pas toujours très visible : on ne se trouve pas forcément avec les seins gonflés à la Lolo Ferrari, ça peut se faire progressivement...

Une fois la montée de lait présente, généralement le rythme se calme un peu... néanmoins la fréquence peut rester soutenue, et c'est tout à fait normal! Le lait maternel est très digeste, il est assimilé en peu de temps. De fait il n'est pas ni anormal ni problématique pour l'estomac du bébé de téter toutes les heures par exemple...

Si on vous dit de respecter un intervalle minimum de 2 ou 3h entre les têtées : n'en faites rien! C'est une "règle" qui vaut pour le lait artificiel, celui-ci étant indigeste comparativement au lait maternel. Forcer le bébé à espacer les tétées c'est prendre le risque que la lactation soit insuffisante faute de stimulation correcte et c'est aussi s'angoisser pour rien car le bébé lui, pendant qu'on veut le faire 'tenir', a faim, et pleure. Or, ses pleurs sont faits pour justement que vous agissiez : pourquoi résister ?

Pour la durée maximale de tétée sur un sein (on entend parfois 10mn par sein maximum), c'est un mauvais conseil également. Le lait évolue au cours de la tétée : d'abord hydratant, bourré de sels minéraux, puis gras et nourrissant... En limitant le temps à chaque sein, on limite aussi l'accès du bébé au lait gras de fin de tétée... et chaque bébé étant différent, qui sommes nous pour juger s'il a eu le temps de manger à sa faim en un temps déterminé ?
Bref, oubliez montres et horloges, écoutez votre bébé. Il réclame : au sein!
Si vos seins sont particulièrement sensibles dans les débuts, faites une pause quand vous le jugez bon et proposez le second! Voire revenez au premier!

 

* Pas de compléments de lait artificiel

La lactation suit la loi de l'offre et de la demande... Plus le bébé tête, plus vous produisez de lait. Introduire un complément, c'est venir fausser la demande qui est faite à vos seins... Ce que le bébé va prendre en complément, c'est ça de moins qu'il réclamera à vos seins.... et ça de moins que ces derniers produiront les jours suivants!

Sur une lactation encore jeune, deuxième effet kisscool, la baisse de stimulation des seins liée à l'administration de compléments peut faire s'effondrer la production. C'est en partie à cause de ça que les allaitements mixtes mènent le plus souvent à un sevrage rapide...

Nous ne sommes pas toutes égales face à ce phénomène, certaines pourront maintenir des mois durant un allaitement en ayant que 2 ou 3 tétées par jour, pour d'autres en 1 semaine terminé plus de lait. Et pour le savoir une seule manière : essayer... Mais dommage de tenter le diable.

 

* Pas de biberons

JAMAIS!!!
Ca peut paraître un peu extrémiste... Certaines nous prendront peut-être pour des folles illuminées anti-biberon... il n'empêche que le fait est là : l'objet biberon peut compromettre très sérieusement un allaitement en début de vie.
La raison : les risques de confusion sein/tétine. Les techniques de succion diffèrent au sein et au biberon et le bébé, surtout s'il est jeune, peut se mélanger les pinceaux et ne plus savoir téter correctement au sein après avoir eu un biberon de lait et refuser le sein, ou plus vicieux, provoquer une lactation en chute libre à cause d'une mauvaise stimulation. Le débit du biberon est aussi beaucoup plus attrayant : ça coule tout seul sans effort, alors qu'au sein il faut vraiment téter pour faire venir le lait!

La confusion peut intervenir à tout âge (même à 6 mois!) et après 1 seul biberon comme après plusieurs semaines d'alternance sans problème (donc si votre bébé a eu un biberon et qu'il n'a pas fait de difficultés, cela ne signifie pas que vous êtes à l'abri d'une confusion plus tard...). Ce n'est pas systématique mais cela reste un risque.

Pour faire donner du lait il existe d'autres solutions sans risque cette fois : pipette, seringue sans aiguille, tasse à bec souple, verre, softcup (médéla), DAL (médéla)…
Un bon conseil pour éviter toute dépendance à l'égard d'un personnel médical surbooké et parfois peu enclin à changer ses habitudes : amenez avec vous dans votre valise une petite seringue, sans l'aiguille évidemment! et si quelque chose s'avérait nécessaire, administrez le à la seringue, en faisant téter votre petit doigt ongle en bas à votre bébé : ainsi il exerce sa succion et vous donnez tout doucement le lait par la commissure des lèvres.

 

* Une bonne position au sein pour éviter les crevasses

Les crevasses sont à 95% dues à une mauvaise position du bébé au sein et les débuts de l'allaitement ne passent pas obligatoirement par la case crevasse!

Le bébé doit être bien face à vous, complètement, son ventre contre le votre si vous donner en position berceau. Il doit bien ouvrir la bouche pour prendre toute l'aréole (ou ce qu'il peut si elle est très grosse ), et pas juste tétouiller le téton (ce qui est très douloureux). Vous pouvez lui chatouiller l'intérieur de la main : réflexe inné, il ouvre grand la bouche, et aussi une fois en position, lui appuyer doucement sur le menton, il ouvrira ainsi parfaitement la bouche. Il ne doit aucunement pincer : cela peut chauffer, aspirer, mais jamais pincer. Il doit être juste à la bonne hauteur et ne pas avoir à tourner la tête pour prendre le sein...
Utilisez des coussins ou un coussin d'allaitement pour que votre bébé soit à votre hauteur : c'est à lui de venir à vous non à vous de vous contorsionner pour être près de sa bouche.

Inutile d'appuyer sur votre sein pour lui dégager le nez : il ne risque pas de s'étouffer. Vous remarquerez que le nez de TOUS les bébés est épaté afin de pouvoir s'enfouir avec le menton dans le sein, et manger tranquille. En appuyant vous tirez la peau de votre sein et votre bébé n'y est plus correctement installé...
En prévention d'échauffements, il est recommandé d'appliquer après chaque tétée une crème type castor équi ou lansinoh ou Calendula LHF : inutile de les rincer avant la tétée suivante.

L'utilisation de bouts de sein est déconseillée : il est parfois difficile ensuite de s'en débarrasser et par ailleurs ils constituent un intermédiaire entre la bouche du bébé et le sein, et chez certaines la lactation n'est plus correctement stimulée... mais si ça permet de poursuivre l'allaitement, c'est toujours mieux que rien! Essayez cependant rapidement avec patience de lui faire prendre le sein sans bouts.
Si les crevasses sont installées, pour aider à cicatriser étaler une goutte de lait en fin de tétée est assez efficace Cela prévient les infections et c'est bourré d'agents cicatrisants... Garder les seins à l'air au maximum est aussi assez salvateur... et toujours la crème. Le tout en faisant recontrôler la position au sein...

Si elles persistent et ne cicatrisent pas ou mal, il peut être utile de vérifier qu'il n'y a pas une bactérie ou une mycose qui s'est installée en plus...

 

* Attendre pour tirer son lait

On conseille généralement d'attendre 6 semaines au moins pour tirer son lait, le temps que la lactation s'installe à peu près correctement. Le tire-lait stimule moins bien que le bébé et les tirages peuvent parasiter la production et rendre plus difficile la mise en place de celle-ci dans les premières semaines.
Si vous êtes fatiguée et voulez vous faire aider, mettez le papa à contribution pour les tâches ménagères plutôt : il peut aussi vous apporter le bébé pour la tétée, s'occuper de le rendormir la nuit, s'en occuper pendant que vous vous reposez, etc... et là nuit n'hésitez pas à allaiter allongée au fond du lit voire à cododoter un peu le temps de récupérer.
Par la suite, tirer son lait après les tétés est en revanche un excellent booster de la lactation!

 

 

* Du repos, encore du repos, et toujours du repos!

Le stress et la fatigue ne font pas bon ménage avec l'allaitement...
Ceci dit, la grossesse est un moment éprouvant pour votre organisme qui se conclue par le chouette moment de l'accouchement. Que vous allaitiez ou non, vous serez de toute façon déphasée, un peu perdue, et fatiguée. Le temps de se remettre, il faut bien compter 1 bon mois, surtout avec des aînés.
Il est NORMAL de se sentir fatiguée, pour pas dire épuisée et dépassée lorsqu'on vient d'accoucher! Qu'on se le dise, ce n'est pas l'allaitement qui fatigue mais bien de s'occuper d'un bébé et le passage au biberon n'y changerait rien... les tétées sont des moments intenses de câlins et de peau à peau pour votre nouveau-né, donner le biberon ne lui apporte pas les mêmes contacts et ce qu'il n'aura pas pendant les tétées il faudra le lui donner en plus à côté et je ne parle pas des temps de préparation et lavage des biberons! Bien agréable la nuit de se lever et de n'avoir qu'à dégrafer le soutif!

Laissez de côté le ménage et autres tâches, on n'attend pas d'une jeune maman que sa maison soit nickel, et votre bébé passe avant tout le reste!!! Dormez avec lui en journée, laissez-vous aller à somnoler pendant les tétées, donnez lui le sein allongée dans le lit, surtout la nuit.

Et si votre bébé est très demandeur vous pouvez investir dans une écharpe de portage : dedans il se sentira bien à votre contact, dormira, et vous, vous aurez les mains libres.

 

* Les pics de croissance

Une fois de retour à la maison, vous allez avoir à faire face à un phénomène très déroutant, même après plusieurs allaitements : les pics de croissance. Très peu connus des professionnels de santé, ce sont des moments où le bébé grandit, et a besoin d'un lait plus adapté à sa croissance et aussi en plus grande quantité journalière. Pour ce faire, il va donc téter beaucoup plus souvent en journée, pour faire comprendre à votre cerveau que la quantité journalière est désormais insuffisante et qu'il faut produire plus. Ces pics de croissance, où les bébés prennent souvent un poids hallucinant en quelques jours, se produisent à 3 et 6 jours, semaines et mois. C'est très souvent à 6 semaines que les mamans ne connaissant pas ces effets normaux de la lactation disent manquer de lait et que les pédiatres pas mieux renseignés leur imposent des biberons de complément. Une règle d'or : toujours donner quand le bébé réclame, et peser bébé une fois par mois après ces pics de croissance, ça évite des stress inutiles!
Pour gérer ces pics : du repos, le bébé au sein dès qu'il réclame, s'il hurle quand vous le posez dans son lit, pas de panique : gardez le avec vous, il s'endormira au sein un petit cycle de 45 min et retétera juste derrière, tout sourire. Vous aurez eu le temps de bouquiner, dormir ou regarder un bon film, et toute la maison sera zen!
Ces moments durent en général 3 jours, mais peuvent aussi ne se produire que la nuit, ou durer un peu plus longtemps. Ce pic passé, tout redevient comme avant, comme par magie!
Là encore introduire un biberon de complément serait la pire chose à faire car votre cerveau ne comprendrait pas du tout qu'il faut produire plus et votre allaitement serait perturbé, voire en danger.
Et se rappeler d'une chose essentielle : quand le bébé tête de façon rapprochée, le lait est produit plus vite pour la tété suivante, il est aussi plus gras, donc c'est tout bénéfice pour tout le monde!

 

* Le nombre de tétées journalières

Là encore, ne laissez pas le pédiatre ou la belle mère vous inciter à réfléchir la nourriture de votre bébé en terme de biberon : il faut espacer les biberons de lait de vache pour ne pas surcharger l'organisme du nourrisson qui n'est pas apte à digérer correctement ce lait, mais rien de tout cela pour le lait maternel!
Si votre bébé est un petit mangeur, il prendra sa ration en plusieurs fois, 8 tétées par jour en moyenne, mais il n'est pas rare d'aller jusqu'à 12 ou 15 en début de vie. Cela va se calmer une fois votre bébé bien démarré. Ne calculez pas le nombre de tétées, ça ne sert à rien, si ce n'est à vous stresser, voire vous culpabiliser! Une maman dont le bébé mangerait 5 fois par jour n'est pas une maman plus capable que celle dont le bébé tète goulûment à la demande 12 fois!

 

* 1 sein ou les 2 ?

Tout dépend de votre bébé, encore une fois! Quand votre lactation est bien lancée, que votre bébé est repu à la fin du premier sein, qu'il le lâche avant de s'endormir tranquillement, c'est qu'un sein lui suffit. Si vous voyez qu'il s'énerve sur le premier sein, ou qu'il pleure un peu ou encore qu'il ne parvient pas à s'endormir, vous pouvez évidemment lui proposer le second sein. Il ne mangera pas trop, rassurez vous! Si c'est cela qu'il voulait, il mangera, sinon, comme d'habitude, il continuera de grogner pour vous dire que quelque chose ne va pas.
Proposer les 2 seins ne veut pas dire qu'on a moins de lait, juste que le bébé se nourrit différemment. Cela stimule très bien la lactation, donc c'est parfait!
Le bébé pourra préférer un sein à l'autre, ou passer de 1 sein aux 2 avant de revenir à 1 : suivez-le en ce sens, et ne vous prenez pas trop la tête, tant qu'il tête activement et a l'air repu, mouille bien ses couches.
A noter qu'en cas de bébé qui prend vraiment peu de poids, ou bébé de petit poids, ou un peu flemmard au sein, on peut pratiquer l'hyperalternance : 1 sein puis l'autre, puis revenir au premier etc… Cela booste toujours de toute façon la lactation.
Certains bébés en début de vie aiment bien manger à " 3 seins " et vous feront savoir qu'ils veulent revenir au premier sein tété. Dans cette affaire, c'est, encore une fois, le bébé qui décide et qui sait parfaitement ce qu'il fait : suivez le!

 

* Les pesées du bébé

On entend souvent les mères et grands-mères dire qu'il faut peser les bébés tous les jours, voire avant et après la tétée. A part vous stresser inutilement, cela ne sert à rien! Tant que votre bébé est gai, qu'il dort bien à un moment de la journée, qu'il mouille bien ses couches, et qu'il tète de bon cœur, hardiment, vous pouvez vous contenter d'une pesée mensuelle. Si vous êtes vraiment stressée, pesez le au bout de la première quinzaine puis au premier mois, et relâchez la pression!
Non seulement la prise de poids d'un bébé au sein est variable mais elle oscille de jour en jour. Ce qui n'est pas pris un jour sera pris en double le lendemain : faites confiance à votre bébé, s'il a faim, il pleure, vous lui donnez le sein, il se nourrit en fonction de ses besoins, et tout roule!

 

* Les pleurs du bébé

Lorsqu'une maman donne le biberon, on cherche la cause des pleurs dans toutes sortes de directions : mal de ventre, besoin de câlin, angoisse, peur du soir, stress, mais jamais on ne remet en cause la qualité du lait, pourtant très imparfaite, ou la quantité. Au sein, en revanche, on remet tout de suite en cause le mode d'alimentation!
Or il faut savoir que tant que vous respecterez la loi de la demande de votre bébé, en lui donnant à manger quand il réclame, votre bébé mangera à sa faim et s'il pleure, ce sera peut être pour les raisons précitées!
Il est bon de savoir aussi que les coliques sont beaucoup plus rares chez les bébés allaités, et que les angoisses et besoins de câlin sont parfaitement comblés par le contact peau à peau. Si le soir votre petit est très stressé, pleure beaucoup, il fait sans doute l'angoisse de la nuit, se décharge de sa journée, et s'il veut téter, laissez le faire! Il ne peut pas être en surdose de son lait, ça n'existe pas et il sait parfaitement ce qu'il fait!
L'allaitement est une affaire à deux : chacun doit y trouver son compte! Si pendant ces moments de pleurs du soir vous en avez assez de servir de calmant, confiez votre bébé au papa ou proposez lui votre petit doigt à téter, cela fait souvent très bien l'affaire aussi!

 

* La prise de poids des bébés allaités

Les bébés au sein prennent souvent beaucoup de poids les 3 premiers mois et ne laissez personne vous dire que vous le nourrissez trop et qu'il faut restreindre : toutes les graisses contenues dans votre lait sont assimilées par l'organisme, il y a très peu de déchets dans le lait maternel. Dites " oui oui " si vous ne voulez pas vous battre et laissez courir!
Passés en général les 3 premiers mois, la prise de poids se ralentit, et tout va toujours aussi bien! De 800gr mensuels en moyenne, les bébés allaités vont passer aux alentours de 400 gr mensuels sans que cela signifie que : votre lait n'est plus assez nourrissant, que vous n'avez plus assez de lait, que le bébé se lasse du lait ou qu'il faut diversifier. Tout va bien, cela est normal!
Les bébés allaités sont toujours plus minces que les bébés au lait de vache car, encore une fois, les graisses qu'ils absorbent sont parfaitement adaptées à leurs besoins, et qu'aucune n'est en trop dans l'organisme. Donc zen, et continuez comme ça!

 

* J'ai les seins mous, ils ne sont plus tendus le matin : je n'ai plus de lait ?

C'est à la montée de lait que les seins sont tendus, durs, parfois douloureux, et heureusement, ils ne restent pas dans cet état toute la durée de l'allaitement! En fait, assez vite, et cela dépend des femmes, entre 3 et 6 semaines, les seins deviennent mous et tout souples : finie Lolo Ferrari! C'est un très bon signe : cela veut dire que votre lactation s'adapte parfaitement à votre bébé : votre cerveau ne fabrique plus du lait en trop, à de mauvais moments, mais attend patiemment la demande de votre bébé par la succion. Les canaux restent donc fermés tant qu'il n'y a pas de signal de succion et vous retrouvez une poitrine souple et agréable au toucher.

 

* Et le tire lait ?

Il est conseillé de ne commencer à tirer son lait qu'après 6 semaines d'allaitement, le temps que la lactation soit adaptée à la demande du bébé. Ensuite, on peut commencer à tirer son lait et faire des réserves pour sortir, reprendre le boulot… Se rappeler d'une chose fondamentale : le tire lait n'est pas un bébé il est donc BEAUCOUP moins efficace que votre bébé! Ne vous fiez donc pas à ce que vous tirez pour déduire si vous avez assez ou pas assez de lait! Certaines mamans allaitent parfaitement leur enfant, longtemps, avec du lait en quantité amplement suffisante, mais ne parviendront jamais à tirer plus de 30 ml par tirage! C'est comme ça, ça arrive!
Tirer son lait est très psychologique, et prend du temps, le temps que le cerveau comprenne qu'il faut produire en plus pour ces tirages fictifs. Patience est le maître mot de l'usage du tire lait : il faut laisser le temps à votre corps de s'adapter à votre demande supplémentaire et rester zen, sans faire attention aux volumes engrangés au départ, cela prend nécessairement plusieurs jours, et fluctue en fonction des jours.
Si vous optez pour un tire lait électrique, en cas de tirages réguliers, sachez que sa location est remboursée par la sécurité sociale et certaines mutuelles (avec une ordonnance). Il existe plusieurs marques de tire lait, et toutes ne se valent pas. Le Kittet souvent trouvé en pharmacie est très peu apprécié (peu efficace, douloureux). Après c'est selon les préférences de chacune pour une marque plutôt qu'une autre, même si les Medela sont très réputés ou le Isis de Avent très utilisé. On peut aussi tirer son lait manuellement (voir le site de LLL).
Et pour éviter les soucis, rappelez vous : pas de biberon mais plein d'autres alternatives! La soft cup de Medela, la tasse à bec de Avent, la pipette du Doliprane, la seringue sans l'aiguille, le verre, la petite cuillère… tout est bon pour que votre bébé mange et évite la confusion sein/tétine.

 

Nous avons tenté de passer en revue une connaissance de base de l'allaitement, à travers les questions que toute maman s'est un jour posé. Nous espérons que cela vous apportera les informations recherchées, l'envie d'essayer et une confiance inébranlable en vos capacités!